La route des Mouettes suite...

La route des Mouettes suite...

Arc en ciel, baobabs, volcan et concert à 1700 m d'altitude.

Douze fanions pour trente huit élèves : ça devait dégénérer… Grand moment de bonheur !

 

Comme prévu nous retrouvons Victor et toute sa classe. Il nous reste 12 fanions, ils sont trente huit élèves de 6ème et 5ème.

 

Au départ, tous concentrés, la page blanche leur fait un peu peur. Mais des élèves ont bossé ce week end.

 

Une jeune fille a déjà fait un fanion dans un torchon de cuisine, représentant l'île de Sal et quelques scènes de la vie locale !

 

Des gamins n'avaient pas compris que nous apporterions la peinture, ils avaient pour beaucoup acheté de la gouache. Ils étaient impatients.

 

L'intendante devait prévoir des gobelets, torchons…et pinceaux surtout ! Heureusement que Rémy avait sacrifié quelques bouteilles plastiques et que nous avions quelques pinceaux.

 

Quand le top départ de la peinture fut donné, l'ambiance s'est vite détendue...

 

Avec Victor, nous regroupions deux ou trois élèves pour un fanion, en fonction des thèmes de leurs dessins.

Rémy gérait l'approvisionnement en peinture : ce qui n'était pas une mince affaire pour éviter le gaspillage !

A « s'arracher les cheveux », Rémy s'est vite transformé en perroquet, car il oubliait qu'il avait les mains pleines de peinture !

 

 

A la fin, il y avait de la peinture partout. N'ayant pas assez de pinceaux, les jeunes ont pris leurs doigts… la tentation était trop grande : ils se sont peints mutuellement. Bref, les nez, les oreilles, mais aussi les tables, le sol… prenaient des couleurs !

 

Avec Rémy, nous commencions à être gênés : comment Victor allait nettoyer tout cela ? Il n'avait pas l'air perturbé.

 

En fait, j'ai déclenché un vrai bazar en voulant les photographier. Franche rigolade, tant pis pour les classes d'à côté !

 

 

 

En fait tout c'est arrangé, les plus grandes sont allées chercher un vieux chiffon, un seau rempli d'eau certes un peu douteuse, mais tout a été nettoyé, rangé en un tour de main. Ils sont repartis avec des couleurs aux joues.

 

Nous sommes revenus le lendemain faire des photos de toute la classe et prendre les fanions que nous amènerons à Saint Nicolas d'Aliermont.

 

 

 

Ambiance vacances pour 3 semaines !

 

Annie et André sont venus nous rejoindre pour découvrir le Cap Vert.

 

 

Nous avons jusqu'à présent naviguer parmi les îles au vent de l'archipel (ilhas Barlavento). Nous pensions aussi nous rendre sur les îles sous le vent (Sotavento). Mais en étudiant de plus près les possibilités de mouillages, nous avons constaté que :

-          Ile de Santiago possède un port (Praïa) et un mouillage (Tarrafal). Le premier est bien abrité des vents et de la houle, mais la proximité immédiate de la ville, le manque d'infrastructures officielles pour accueillir les bateaux ne permettent pas de laisser le bateau ou l'annexe en toute quiétude, même pour aller faire une course à terre. Le second est très venté.

-           Ile de Fogo possède un port (Porto dos Cavaleiros, à 4 km de Sao Filippe), le vent et la houle le rendent peu confortable et étant excentré il est de sécurité (vols) peu garantie. Il ne faut pas laisser le bateau sans présence la nuit, or nous voulons passer plusieurs nuits à Chà de Caldeira, le village au pied du volcan Pico.

-          Ile de Maio et Brava : un à deux mouillages par île, mais au débarquement souvent impossible car les rouleaux nous feraient revivre notre expérience de Santa Maria (Cf. retournés comme des crêpes).

Ces mouillages sont souvent utilisés par les équipages en partance pour le Brésil, pour passer quelques nuits. En ce qui concerne la suite de notre voyage, nous avons prévu de remonter vers le Nord, direction les Açores, puis la France. Nous devons attendre que alizés ne soient plus établis (vers mi mai, début juin). Le meilleur lieu de départ sera alors le plus au nord est de l'archipel du Cap Vert : soit l'île de Sal. 

 

Bilan, nous décidons d'accompagner Annie et André en avion pour découvrir Santiago et Fogo. Les vols intérieurs sont réguliers.

Notre programme du 22 au 26 mars :

-          Prendre l'avion de Sal à Santiago. Nous resterons deux jours à Citade Velha, ancienne capitale du Cap Vert située à 12 km de Praia.

-           Liaison en avion entre Santiago et Fogo. Deux jours à Sao Filippe et deux nuits à Chà do Caldeira.

-          Retour en avion de Fogo à Sal, via Santiago.

Nous avons privilégié des hébergements chez l'habitant ou en pension (grande maison tenu par une famille) et le transport en aluguer, pour être au maximum en contact avec la population locale.

 

Ile de Santiago, Citade Velha et Ribeira Grande :

Premier aluguer pour Annie et André, nous nous rappelons que ce moment, pour nous a eu lieu il y a déjà deux mois !

 

Quarante minutes de vol, entre Sal et Santiago. Le temps d'un verre d'eau. Taxi de Praia à Citade Velha : silence dans la voiture, vu la conduite du chauffeur : écarts, vitesse dans les ronds points.

 

 

Citade Velha est « la première ville de la première île de la première colonie implantée par les portugais sous les tropiques ». C'est aussi la première ville portugaise en Afrique. Classée actuellement au patrimoine mondial de l'UNESCO.

 

 

A Citade Velha nait l'homme créole !

Baie assez sûre et relativement bien abritée, elle devient rapidement une escale et un point de ravitaillement pour les bateaux marchands européens au XVIème siècle. La Ribeira n'est jamais à sec et fournissait de l'eau douce, ce qui était déterminant pour choisir les points d'avitaillement. Tous les grands navigateurs s'y arrêtent : Vasco de Gama, Christophe Colomb, Magellan, Darwin…

 

Les colons commencèrent un « fructueux » commerce triangulaire entre l'Afrique toute proche où ils allaient chercher des esclaves, l'Amérique où ils les revendaient contre du sucre, du coton, de l'indigo et d'autres produits agricoles qu'ils ramenaient et négociaient en Europe.

Les îles développèrent la confection de Panos, parure très appréciée chez les roitelets de la côte africaine qui les échangeaient contre des esclaves.

Le trafic d'esclave entre la côte de Guinée et Santiago commença en 1460/61, mais « l'âge d'or » de ce triste commerce dura de 1475 à 1575.

Impossible de connaitre le nombre d'esclaves qui y ont transité ou ceux qui ont servi au peuplement des îles.

Santiago fonctionna pendant longtemps comme un entrepôt d'esclaves. Les premiers furent orientés vers l'Europe (Portugal, Madère, Canaries, Séville, Cadix…), ensuite un grand nombre fut déporté vers les Antilles, Cuba, Saint Domingue, la Barbade, le Brésil… après avoir reçu le baptême et  quelques rudiments de portugais !!!

 

Le Pelourinho, à Citade Velha, auquel on accrochait peut-être les esclaves… pour les vendre.

 

 

Premier évêché d'Afrique, en 1556 commence la construction de la première cathédrale du Cap Vert. Les travaux seront longs, car elle est très grande et mal protégée, jusqu'en 1693. Mais en 1712, elle sera saccagée par les corsaires !

 

 

Citade Velha a subi en effet de nombreuses attaques de pirates ou corsaires :

La ville fortifiée de Sao Filippe est construite par les portugais, suite à l'attaque en 1585 du corsaire anglais Sir Francis Drake, accompagné de 1000 hommes.

En 1769, le siège du gouverneur est transféré définitivement à Praia, suite à sa mise à sac par le pirate français Jacques Cassard.

 

Nous avons trouvé un village de pêcheurs tranquille.

 

 

 

Notamment la Rua Banana où nous étions hébergés.

 

Cases blanchies avec toit en feuille de canne à sucre. Un peu sombre, mais la fraicheur y est agréable.

 

 

Mme Abel nous accueille, elle a vécu trente ans à Chalons en Champagne, ses enfants vivent à Reims!!!

Petit déjeuner, salle de bain dans la cour de sa maison qui donne derrière.

 

Nous sommes au bout du monde !

 

A la recherche de LA cascade du Cap Vert.

Derrière Citade Velha, débouche une vallée ou plutôt une entaille dans un grand plateau aride.

L'eau y coule toute l'année, nous prenons plaisir à nous enfoncer dans ce paysage tropical verdoyant, où de nombreuses surprises nous attendent…

Femmes travaillant dans les champs, puis ramenant des bassines (au poids inimaginables) au village, en haut du plateau... encore plus inimaginable !

 

Au détour du sentier, deux baobabs nous rappellent comme nous sommes petits.

Des babouins chapardent des fruits ; les agriculteurs les renvoient voir dans les falaises si la nourriture est meilleure, à coup de pierres. Trop loin pour faire une photo : désolés !

Alors que nous allions rebrousser chemin (chaleur, fatigue) : « Non, regardes Rémy, derrière les arbres, la roche semble plus noire… comme mouillée ! » « Oui, c'est la cascade ».

Pas spectaculaire, quoique dans ce désert… mais tellement rafraichissante !

 

Fogo, l'île volcanique :

Réveil à 6H. Départ de Citade Velha avec un chauffeur nomé "Béni".

NB : il se signe d'ailleurs avant de démarer... Pourtant il conduit trés bien !

 

25 minutes de vol pour rejoindre Fogo, le temps de manger un œuf de Pâques cette fois, mais toujours autant d'attente que pour un vol international : enregistrement des bagages deux heures avant !

Arrivée à la Pensao Fatima, à Sao Filippe, à deux pas de l'église.

Après un poulet grillé, braises remuées au balai...,

Petit tour de ville, cybercafé pour prendre des nouvelles de France…

Plage avec d'énormes rouleaux : impossible de se baigner.Ile de Brava au loin.

Nous nous endormons aux sons des cantiques de Pâques et nous sommes réveillés par les coqs, les chiens, la sortie de la boîte du coin… Heureusement, un vrai petit déjeuner pascal, préparé par Catharina, nous redonnera le sourire. Nous en ferons même pour partie notre pique nique :

Nous n'avions pas pensé à Pâques en réservant nos billets d'avion, dimanche nous voici sans aluguer. Nous partons vers Porto dos Cavaleiros (LE port de Fogo) pour une petite rando, de 4 km vers le nord de Sao Filippe.

Côté terre : une véritable savane.

Côté mer, ça brise ! 

 

 

Le volcan

Lundi matin, la fine équipe se divise : au ministère de l'agriculture afin de récupérer des contacts viticoles pour l'article de Nathalie sur le vin de Fogo, un petit tour au marché pour faire le plein de fruits, légumes... pour les piques niques de deux jours. Papaye odorante, petite tomate en forme de poire, banane mini…

A 11H, Antonio chauffeur d'aluguer est au rendez vous pour nous amener à Chà do Caldeira.

André au milieu des bagages !

Paysage type savane (sud de l'île), avec des fermes luxuriantes où l'eau est encore disponible : bananes, papayes, tomates, canne à sucre se mélangent dans un dégradé de vers. Cratères, coulées de lave de 1951…

La population se concentre entre 400 et 700 m d'altitude, hormis quelques villes côtières : le relief escarpé de l'île, ajouté à la grande perméabilité des coulées de basalte, fait que l'on trouve peu de sources en altitude : la quasi-totalité des eaux de pluie ressort au niveau de la mer, gaspillage énorme. Ne connaissent-ils pas le nouveau procédé de puits of shore, créé par un français je crois ?? Plus simple et moins couteux qu'une station de désalinisation !

Le Pico, 2869 m d'altitude, cratère de 500m de diamètre et 180 m de profondeur, apparait, marquant le début du parc naturel, enserré d'un cirque d'un diamètre de 9 km : la caldeira.

Arrivée à Chà do Caldeira, à la casa Fernando.

La caldeira correspond à l'effondrement d'un précédent volcan de plus 750 m.

Antonio notre chauffeur nous invite à venir au petit concert qu'il donne avec des amis, certains soirs dans une épicerie… ?? Chez Ramiro.

Nous dégustons notre premier café de Fogo, autre nouveauté le café est moulu au pilon !

A six heures, nous sommes chez Ramiro, le vent souffle très fort. Les portes fermées cèdent dans un grand claquement, Ramiro nous fait goûter son Manecon.

Et la magie commence, dans l'obscurité au début, puis à la lumière d'une lampe à gaz, dans ce petit bouiboui à 1700 m d'altitude… nous avons droit à un répertoire complet de musique traditionnelle cap verdienne. Guitare sèche, Antonio à la petite guitare typique : la cavaquinho, thermos en alu pour les percussions et jembé.

Antonio

Ramiro

Morna, Fufana, batuque… tout le répertoire est balayé. Annie et André danse dans le mètre carré de disponible, entre le comptoir et le mur.  

 

Petit Pico et vin de Fogo.

Annie et André décident d'aller sur le petit Pico, plus actif que le grand Pico. Ils ont pu voir des pierres encore entourées de soufre, sentir des bouffées d'air chaud sortir des failles. Les couleurs y étaient magnifiques.

 

Le Petit Pico, éruption de 1995, encore chaud et couvert de soufre.

Quant à Rémy et moi-même, nous avons été à la recherche du président de la coopérative viticole Senhor Neves. Pour mon article sur le vin de Fogo. La veille, il était à Sao Filippe.

Nous avons commencé nos investigations à la coopérative, puis nous avons demandé sa maison. Comme au ministère M Consales nous avait parlé de Titu Montrond, nous avons décidé de chercher aussi ce producteur. Nous avions un peu l'impression d'être dans l'émission « La chasse au trésor » : questionnant les locaux, frappant aux portes, requestionnant, nous faisant parfois guider… Bref dans la matinée, nous avons bien arpenté dix fois le village !

Titu Montrond est un des « petits petits… petits fillos » d'un français, Armand Montrond arrivé au Cap Vert en 1860 où il s'établit pour toujours. Les raisons de son exode sont mystérieuses. Il connaissait la médecine et les herbes médicinales ; il soignait les gens sans rien demander en retour. Véritable séducteur, il eut des enfants partout dans l'île, il les reconnut tous. Il acquit de bonnes terres où il produisit du café et … du vin. Fogo est donc l'île où de nombreux capverdiens ont les yeux bleus et leurs cheveux toujours crépus, mais avec de beaux reflets mordorés !

Titu possède lui aussi des vignes, du café. Il vend sa production aux touristes de passages. Il produit 200 l de vin blanc et 200 l de vin rouge par an. Il nous explique que ses vins sont dits « Manecon », gage de qualité. Il n'est pas filtré, donc mieux vaut-il le boire dans l'année !! Nous lui achetons une bouteille de vin doux, qui passe mieux.

Petite ballade dans la Caldeira au milieu des roches sculptées lors des éruptions.

 

 

Nous sommes reçus à la coopérative en fin de journée. La coopérative a été aidée par la coopération européenne, nous découvrons une installation totalement moderne, par encore complètement finie.

Si vous voulez découvrir ces vins, il faudra venir au Cap Vert car ils ne sont vendus qu'au sein de l'archipel.

 Deux versions pour une même « appellation » : qu'est que le vin Manecon ?

-          D'après Titu Montrond : « c'est mon grand père qui s'appelait Manuel qui a créé ce terme. Il produisait un vin qui ne montait pas à la tête, qui ne rendait pas « con ». D'où le terme « Manecon ». »
En tous les cas, il n'a pas dû garder la même recette, car nous avons été pris d'un mal de tête après dégustation !

-          D'après senhor Neves : le terme Manecon correspond à du vin traditionnel. Sans filtration, il subit une légère fermentation. Il garde une robe trouble…

Nous opterions donc pour la deuxième version !

Après le diner, nous partons chez Ramiro, à la lueur des lampes torches (pas d'électricité dans le village) ; Antonio nous ramènera gentiment en aluguer.

Cette fois-ci, concert avec violon !

 

Derrière les musiciens, un tableau...

 

Retour en aluguer et avion, jusque Sal.

Beaucoup d'attente pour peu d'heures de vol. Nous retrouvons Palmeira.

Nous avions vu des bateaux au carénage sur le petit ponton, mais nous ne savions pas comment cela pouvait se faire sans infrastructure. Voilà la réponse :

Depuis plusieurs jours, l'harmattan (vent de sable prenant naissance au Mali) soufle .

Voici la Mouette prise dans une gangue brune, surtout les bouts !

Les drisses de la Mouette !

Boujou ben.

Nath


31/03/2008
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