La route des Mouettes suite...

La route des Mouettes suite...

Terceira


Monte Brasil

Angra do Heroismo

Ville principale de Terceira, l'esprit de sacrifice et le courage d'Angra face à toutes les menaces extérieures lui valent le titre de « heroismo » : espagnols, pirates, corsaires… tous se succédèrent pour venir battre le fer et s'emparer de cette baie naturellement abritée par le Monte Brasil. En effet jusqu'au milieu du XVIIème siècle, Angra est une ville d'intense activité économique qui engendre une richesse très convoitée. C'était en effet le port d'escale des galions espagnols chargés de fabuleuses richesses du Nouveau Monde : or, argent, diamants, épices , porcelaines et la soie venus d'autres continents et entreposés à Angra en attendant un transfert vers l'Europe (Espagne, Angleterre,…).

Nous sommes partis de Praia da Vittoria le 13 juillet, pour un petit saut de puce (13 M) jusqu'à Angra.

Nous avons deux équipiers de plus : Amaro et Alinia. Beau temps, mais pas de vent. Tant mieux car nous voulons passer entre les deux « ilheus das Cabras ».

La côte est magnifique : les roches volcaniques forment de magnifiques plissements et palettes de couleur.

Ilheu das Cabras, plus de 100 de haut : 90 m de profondeur avant d'entrer dans la passe et 10 m de l'autre. Ca donne envie de venir faire des bulles dans cette eau turquoise.

Nombreuses grottes béantes sur la mer. 

Les îles appartiennent à la famille d'Amaro, son père y élevait des moutons. Il est fier de nous montrer la réserve d'eau pluviale qu'il a lui-même faite. « Une vraie gymnastique pour débarquer, monter le matériel. »

Alinia essaye la pêche, mais notre montage manque de plomb, il faudra penser à se réapprovisionner si nous voulons vivre de notre pêche lors des navigations entre les îles.

Arrivée à Angra.

C'est magique : deux vieux gréements sont là pour le week end. Nous avons l'impression de remonter le temps et de vivre ce que les grands découvreurs ont vécu. Musique celtique en prime sur les quais. Le Monte Brasil dans le fond.

 

Monte Brasil.

La Mouette au port nous attend sagement.

Nous irons le découvrir de plus prés, le lendemain. Partis avec juste une bouteille d'eau, nous crapahutons environ 2H30, en pleine cagna, sur le sentier de randonnée qui tortille sur les pentes de cet ancien cratère. Mais quelle récompense !

L'océan s'étend à nos pieds, de chaque côté.

Poste de vigie pour les baleines : informations transmises visuellement jusqu'au port en contre bas.

Même si le Monte Brasil est LE lieu de pique nique d'Angra : avec des tables, barbecues taille familiale, aire de jeux pour les enfants… comme toujours extrêmement bien entretenus, apparemment le week end la moitié de la ville s'y retrouve en famille.

La végétation endémique est préservée. Joyeux mélange de fleurs, fougères, résineux, lauriers, herbe rêche… variant selon les expositions aux vents.

 

 

Une grande surprise un matin. Nous allions prendre notre petit déjeuner quand Rémy me dit : « Il y Luis sur le quai. Il prend des photos du bateau… ». Luis nous fait de grands signes, puis repart sur le quai. Rémy l'appelle. Il n'entend pas. Rémy part donc à sa poursuite pour l'inviter à bord.

Grandes retrouvailles amicales. Luis voulait prendre le bateau en photo dans le port d'Angra pour son reportage :

la Route des Mouettes au saut du lit !

http://bagosdeuva.blogspot.com/2008/07/rveiller-et-calmer-avec-les-mouettes.html

 

Muito Obrigo Amigo por todos Luis !


15/07/2008
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Les sommets de Terceira, Lactilheu.

12/07/08 :

Amaro vient nous chercher comme promis pour visiter son exploitation.

Il tient à nous montrer un endroit magnifique de Terceira :

Des vaches partout : dans la plaine,

sur les sommets, elles n'observent pas les trains, mais les voyageurs au long cours. 

Puis nous allons à sa ferme :

Son père produisait des taurillons qu'il vendait à l'âge de 1 an. Ces animaux étaient envoyés au Portugal pour être engraissés. La salle de traite a été construite il y a 13 ans, lors de leur reconversion. Dorénavant, le quota s'élève à 500 000 L de lait par an.

Mais Amaro et son frère sont en train de revoir totalement leurs objectifs. Ils veulent produire moins (et vendre du quota). Ils ne cultivent plus de maïs et valorisent l'herbe de leur exploitation au maximum.

Depuis deux ans, ils ont construit un laboratoire de production de yaourts à la ferme.

Nb : LACTILHEU signifie la "laiterie de l'îlot" en souvenir des moutons que ses grands parents élevaient sur l'"Ilheu das Cabras", en contre bas de la ferme actuelle.

Encore une fois merci à Amaro. Nous espèrons qu'il pourra se libérer demain pour venir avec nous en bateau jusqu'à Angro dos Heroisimos.

Nous repartons avec un sac plein de yaourts crémeux et sans acidité : un régal !


13/07/2008
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Da resistencia, bulls, miradouro...

11/07/08 : le vin de la résistance.

Nous prenons le bus local pour Biscoitos, un petit village au Nord de Terceira, à 10h30. Nous découvrons ainsi la côte Est et une partie du nord de l'île, pour 2,33 €/personne. Arrêts fréquents et détours dans les villages : 20 km parcourus en une heure ! Entre les bourgs aux maisons basses et toujours colorées, la pente de l'île s'étire doucement, du maïs et des prairies partout, sauf vers les sommets où la forêt domine. Dans les ribeira, des terrasses permettent de produire des bananes, des pommes de terre, igname… et de magnifiques tomates charnues. 

Il est déjà 11h40 quand nous franchissons les portes du « Museu do Vinho dos Biscoitos» de la fondation « Casa Agricola Brum ».

Aux Açores, trois îles produisent du vin : Terceira, Pico et Graciosa. La tradition viticole remonte au 15ème siècle. Profitant de sa situation géographique, l'archipel exporte au XVIIIème siècle vers l'Amérique du Nord, les Antilles, à Hambourg et à St Petersburg ; puis au Brésil au XIX.

Terrrantez Terceira, un cépage qui a traversé les siècles.

Mais, la seconde moitié du XX, le vignoble des Açores est décimé par le phylloxéra. La production s'effondre. Jusqu'à ce que Francisco Maria Brum (1860-1928) relance la production dès le début du XIXème siècle en procédant à une greffe des plants préservés de la maladie. Le Verdelho prend alors le pas sur les autres cépages.

Le Museu dos Biscoitos retrace cette histoire à travers la présentation d'outils d'époque, d'habits de travail…

Nous avons droit à une visite extraordinaire. M Luis Mendes Brum nous sert de guide. Durant deux heures, il nous a expliqué, avec passion, le « Verdelho da Terceira ». Il nous a d'ailleurs envoyé des photos suivantes pour vous expliquer précisément la technique particulière d'implantation de la vigne à Terceira.

Les parcelles sont choisies à une altitude inférieure à 100 m, proche de la mer.

Des murets sont construits afin de protéger la vigne des vents dominants et du sel. Le sol est recouvert d'une couche de basaltes (pouvant atteindre 30 cm) prélevés sur les coulées de lave les plus récentes.

Cette « carapace » permet au raisin de se concentrer en sucres, grâce à la chaleur captée et restituée tout au long de la journée et de la nuit.

Puis, des « biscoitos », trous en forme de biscuit, sont construits. Des légumineuses sont semées pour améliorer le sol, puis la vigne est implantée.

Le résultat est surprenant.

Telle une fenêtre sur le ciel, le "biscoito" laisse la vigne se développer.

M Luis Mendes Brum nous explique toutes les particularités techniques de ce vignoble au milieu de l'océan ; ici pas de palissage, mais les ceps sont guidés dans leur développement en reposant sur des pierres de basaltes.

Au chais, nous dégustons des vins pleins de saveurs et de messages, notament "Da Resistencia" pour "résister à l'urbanisation sauvage et inutile" à laquelle les viticulteurs de Terceira doivent faire face.

 

NB : le chien, gardien des coutumes.

Notre visite se solde en plus par des cadeaux, car nous ne sommes pas considérés comme touristes mais comme invités. Nous repartons les bras pleins : vin "Da Resistencia", vin fortifié (meio seco) Chico Maria, bananes et avocats.

Merci encore pour votre acceuil, votre amitié. A bientôt.

Nous échangeons nos mails et quelques heures plus tard nous recevons ce lien avec une grande émotion :

http://bagosdeuva.blogspot.com/2008/07/la-route-des-mouettes-nos-aores.html

 

Rien de tel qu'un petit bain de mer dans les piscines naturelles en contre bas du village pour se remettre d'un tel moment.

Nous reprenons le bus à 17H, à l'arrêt de bus dicussions animées :

 

10/07/08 : Bulls party !

Aujourd'hui nous voulions aller à Biscoitos, mais pris à téléphoner en France, envoyer des mails en retard,... nous loupons l'heure du bus. Partie remise à demain.

Claude et Rolf, nos voisins de pontons allemands à Ponta Delgada, nous avaient laissé les coordonnées d'Amaro Evangelho, éleveur laitier à Terceira. Il parle anglais. Nous échangeons rapidement au téléphone, Amaro nous propose de venir nous voir à la marina. Nous l'invitons à bord.

Pendant deux heures, nous parlons agriculture. Puis, sur le point de partir, Amaro nous propose de découvrir l'animation du coin…

Nous allons à Casa da Ribeira, un village à quelques kilomètres de Praia. Dans une route de campagne déjà étroite, des voitures sont garées sur plusieurs kilomètres. Amaro nous montre deux lignes blanches sur la route, il nous fait comprendre qu'à partir d'ici, ça commence….

NB : désolés les photos sont sombres, mais le temps est couvert et il est déjà plus de 19H.

Nous voici au milieu d'une foule, tantôt grouillante sur la route, tantôt accrochée aux murs, poteaux… Les entrées des maisons sont barricadées. Amaro nous amène devant des « caisses », où des hommes s'affairent. Ils passent une corde par le bas… pour attraper quoi ???

Une fusée éclate. « C'est le signal ! Il faut aller se protéger derrière un muret. » Autour de nous, c'est l'effervescence, des cris de joie et d'effroi mélangés… Nous attendons quelques instants sous un crachin digne de la Bretagne, puis comme un diable sorti de sa boîte, tenu en laisse par cinq hommes en amont de la rue et cinq hommes en aval, glissant sur le sol mouillé :

un magnifique taureau vient jouer la corrida en plein air.

Voici comment les habitants de Terceira occupent depuis plusieurs siècles leurs soirées pendant plusieurs mois : en lâchant des taureaux dans les rues.

 Anecdote de l'histoire : La bataille de Salga « le 05 juillet 1581, les espagnols ennemis jurés de la couronne approchent de l'île à bord de 10 navires fortement armés. Pedro Valdez, amiral de l'escadre espagnole, après un bombardement fourni, donne l'ordre de débarquer. Malgré le courage des défenseurs, dont de nombreuses femmes entrainées dans la bataille par Brianda Pereira, la lutte est inégale et les açoriens reculent. C'est alors sur l'idée d'un moine franciscain voisin, maniant le mousqueton aussi habillement que le goupillon, qu'on décide de faire appel à un renfort inatendu. Prés de 400 bêtes, taureaux, vaches et jeunes broutards, qui paissent à moitié sauvages sur les hauteurs de l'île, sont rameutés sur le lieu de la bataille : effrayé par la fureur déployée par les açoriens et guidé dans sa course folle vers les espagnols, le troupeau se lance dans la plus gigantesque corrida jamais imaginée en chargeant furieusement l'envahisseur, contraints de reculer en désordre vers la mer. Les soldats finiront presque tous sous le fer ou le feu des açoriens qui suivent la charge, ou bien encore noyés en tentant de rejoindre leur bateau. Terceira est sauvée ! » (source Petit Futé Açores Madère)

 

Poursuivant un homme, le taureau vient de sauter un muret de plus d'un mètre, il ressort de l'enclos comme une gazelle (un peu moins gracieux biensûr).

Puis se dirige droit vers notre repère,

il tape violement deux fois dans la barrière qui émet un drôle de son et repart. Je ne me sens pas du tout rassurée car il vient de grimper littéralement au mur d'une maison. Les pattes avant appuyées à plus deux mètres de haut, il arrive encore à sauter sur ses arrières pour essayer de corner des parapluies que des badauds agitent aux fenêtres.

Nous regardons la barrière devant nous : « il la fendue » me dit Rémy.

La foule monte et descend la rue selon l'humeur du taureau. Tranquillement, puis de plus en plus vite sous les hurlements et les rires des spectateurs.

Un autre taureau sera lâché après, plus jeune et plus nerveux que le premier. Il tire une langue de 20 cm tellement il est épuisé. Certains hommes sont de véritables toréros et n'hésitent pas l'affrontement de très très prés.

Nous regagnons la Mouette heureux de cette surprise offerte par Amaro.

Il nous propose de revenir samedi pour nous emmener sur son exploitation. Pour le remercier, nous lui proposons de venir naviguer dimanche jusque Angra. Ate breve amigo ! 

 

08/07/08 :

La plage est à 50 m de la marina. Nous piquons une tête plusieurs fois dans la journée. J'ai même droit un soir à un baiser de méduse sur la fesse droite ! Ouille !

Vers 17H, nous décidons d'aller explorer les abords de Praia. Nous montons au « Miradourou » qui surplombe Praia. Les marches (300 environs) et la grimpette nous dérouillent les jambes. Nous sentons que nous n'avons pas randonné depuis quelques temps. Vue plongeante dur le port, la ville et la montagne qui s'élève en arrière plan. Magnifique.

La mouette : deuxième ponton en partant du haut ; deuxième place en haut , à côté du bateau rouge.

Nous découvrons les pâturages entourés de murs… Sommes-nous aux Açores ou en Irlande ?

 

07/07/08 : 80 miles à faire pour rejoindre Terceira : ça nous fait presque sourire après nos 1500 miles depuis le Cap Vert.

Partis vers 18h30 de Ponta Delgada, nous avons subi la pétole annoncée jusqu'à 4h du matin. Difficile de dormir avec le moteur, nous avions pris goût au calme de la marina. Il fait frais, nous remettons polaire et veste de quart. Pas besoin de la salopette car il n'y a pas d'humidité.

La lune est à peine visible, fin croissant, et se couche vers 1h00. Mais les étoiles nous accompagnent... La voie lactée laisse une trainée pâle dans une quantité inimaginable d'étoiles. Mars brille tellement qu'elle se reflète dans la mer.

La mer est trés trés calme. Seule, la Mouette ouvre de sa coque cette surface huileuse, laissant telle des trainées magnifiques de phytoplancton phosphorescent se créer dans son sillage.  

Vers 4h30, un bateau passe dernière nous à environ 1.5 miles.

Puis, peu à peu, le vent est monté pour s'établir autour de 15-19 nds. Une jolie petite brise sur une mer quasi plate : nous filons à bonne allure entre 5.5 et 6.5 nds.

Pointe à 7 nds en arrivant sur les côtes.

 

Arrivés à Praia da Vittoria, vers 14h, dans une brise qui fraichit peu à peu : 22 nds devant la jetée (et 25 nds une fois amarrés).

Derrière la grande digne, nous bifurquons vers tribord, laissant sur bâbord le port de commerce. La marina est grande comme un mouchoir de poche. Quand nous arrivons, nous doutons un peu de pouvoir passer dans la passe, tellement elle est étroite. Mais des allemands nous font signe que c'est ok. Ils nous aident à nous haler, nous faisons les formalités. Les locaux de la marina sont super clean. Une serviette et une savonnette sont fournies pour la douche, avec jet hydro massant svp ! Bref, un luxe que nous n'avions pas gouté depuis des mois.

Découverte de Praia da Vittoria, en fin de journée, les rues sont très calmes. Où sont les habitants de Praia ??? Nous saurons pourquoi dans quelques jours… il se passe de drôles de choses dans les rues des villages avoisinants… Nous vous raconterons cela plus loin…

Petite balade dans la campagne sur la falaise. Nous nous rendons compte qu'au Cap Vert des moments comme cela nous manquaient : peu d'intérêt d'aller se promener le soir dans le désert !

Nuit sans aucun bruit, nous dormons comme des bébés. Au réveil, Praia da Vittoria resplendit de toutes ses couleurs : bleu, ocre, jaune, rose… alors que l'ensemble de la façade est blanche, les tableaux de fenêtre et les angles des maisons sont peints de couleurs vives, jamais semblables à celles des voisins. Nous retrouvons le côté soigné et coloré du Portugal.

 

 


10/07/2008
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