La route des Mouettes suite...

La route des Mouettes suite...

Cap Vert Les Açores

Traversée du cap Vert aux Açores.

1595 miles parcourus,

Quinze jours de prés, dont quatre jours de pétole,

Un routage aux petits oignons,

Un winch d'arraché et quelques coulisseaux de voile en moins,

Trois espadas, une dorade coryphène,

Pain à la poêle ou au four,

Pas de bobos, ni de mal de mer,

Trois bateaux, pas de dauphins, ni de baleines,

Et des souvenirs plein la tête...

 

26 juin : Terre !

Nous avons décidé hier soir d'aller à sao Miguel plutôt que Sta Maria. La route est la plus directe. Il faut filer car plus de vent à partir de demain après midi pour quelques jours. Nous n'aurons pas assez de gasoil pour tout faire au moteur. Chaque mile qui défile au compteur est une bonne nouvelle. De plus, l'eau va commencer à nous manquer.

00H15 : Rémy me réveille pour rouler ou prendre un ris : comme prévu par Denis, le vent monte à 20 nds.

Rémy va en pied de mat, je m'occupe de l'écoute et de la barre. Tout va bien jusqu'au dernier coup de manivelle pour border le ris… Paf ! Le winch du pied mat s'arrache du mat. Tous (8) les rivets « pop » ont sauté d'un coup.

«- Zut, c'est ce que nous avions réparé avec Loulou ! 

- Je t'avais dit que les rivets semblaient mousser depuis quelques temps…»

Nous regardons bêtement notre winch qui est venu nous rejoindre dans le cockpit.

Le bateau file à bonne vitesse. Le cap n'est pas très bon, mais le vent doit reprendre de l'Est pendant la nuit.

Le vent chute à partir de 10 h. Nous sommes à 25 miles de Sao Miguel, hier soir nous avions pensé mettre le moteur à 40 miles de l'île. Nous avons bien rattrapé notre retard.

Nous arrivons à Sao Miguel à 18h, sous la pluie. Le policier maritime fait des yeux ronds quand nous lui disons que nous venons du Cap Vert. Ce ne doit pas être une provenance habituelle !

L'île nous parait magnifique : la verdure de ces sommets, la beauté des monuments anthracites (pierre volcanique) et blancs, la côte habitée mais pas défigurée…

Nous nous mettons à couple de Tika, le bateau alu de Claude et Rolf, des allemands qui sont partis depuis 2005 et qui ont hiverné à Terceira. Ils nous félicitent pour notre performance maritime.

Douche, restaurant car il est trop tard pour faire des courses.

Gros dodo jusqu'à midi le lendemain. La marina n'est pas très calme (houle qui rentre), mais nous avons l'impression de dormir à terre en comparaison des nuits passées en mer.

 

25 juin : partis depuis deux semaines.

Nuit mouvementée ou plutôt saccadée : au départ nous alternons moteur/pas moteur ; puis arrive de gros nuages noirs que nous discernons mal puisque la lune n'est pas levée. Bref, succession de grains, de molles… nous roulons, déroulons le génois.

La mer nous freine par son enchevêtrement de deux houles croisées.

Le beau temps revient la journée, mais les gros nuages sont toujours dans notre sillage.

Nous trouvons que nous faisons trop d'ouest, nous virons après le petit déj : bilan nous faisons du 110° (S SE), nous revenons sur nos pas, la houle ou le courant nous poussent vers le sud ! Nous attendons un peu puis virons à nouveau. Cap au 340°, c'est mieux, mais cela ne résout pas notre problème d'être trop à l'ouest de Sta Maria.

Journée usante car si notre cap s'améliore quand le vent prend plus d'Est en moitié de journée ( cap 355-10°), notre vitesse est déplorable (3.5-4.4 nds). Pourtant le vent est là 16-20 nds. Nous avons l'impression d'être scotchés. La première cause semble être l'état de la mer et enfin sûrement du courant contre nous !

 

24 juin : 119 miles…

Il pleut un petit crachin, le vent est monté progressivement cette nuit (SW 5-8nds), il a viré malheureusement N NE.

Après notre délicieux steack de dorade, à midi, nous avons viré. Le vent mollit a nouveau.

La terre de Palmeira dégouline peu à peu des voiles, des haubans... attention en dessous.

 

23 juin : encore 200 miles, ça s'arrose !

Le moteur a tourné toute la nuit et toute la journée, et ça risque de durer encore toute la nuit…

LA GROSSE PETOLE ! Eole joue avec nous pour nous rappeler que c'est lui qui décide.

Drôle d'impression, la mer n'est pas plate, mais vallonnée comme un terrain de golf. La ligne d'horizon nous parait plus élevée que nous, nous avons l'impression d'être dans une grande bassine, tout petits.

Nos nerfs sont mis à rude épreuve, du coup nous décidons de fêter les derniers 200 miles.

Rémy refait du pain. Ce soir, je fais des crêpes pour enrayer le mauvais sort. Nous avons mis la dernière bouteille de cidre au frais, je sortirais la confiture à la mûre faite par Monsieur CC, offerte par tata Fabiennne… Bref, un vrai réveillon !

Denis ne nous prévoit pas de vent d'ici l'arrivée, vive la bouzigue ! Vitesse : 3.8 nds Vent : 8 nds

Autre bonne surprise de la journée, à  19h00, « BZZZZZZZZZZZZZZZZZ» : une petite brise nous a redonné de la vitesse, assez pour agiter notre pulpo et donner envie à une belle dorade de venir s'y crocher.

Rémy est très fier et il n'ose plus dire qu'il n'est pas bon pêcheur.

 Nous arrosons tout ça !

 

21 juin : premier bateau !

Le vent a été assez soutenu la journée 15-18 nds, mais notre cap est moins bon : le vent est N NE. Nous avons viré de bord mais la houle nous fait face, ce qui rend la navigation peu confortable.

Avant la nuit, nous avons une touche, de poids semble-t-il. Mais une tête d'Espada que Rémy a laissé séchée en trophée vient jouer les troubles fête. La ligne se prend dans les dents acérées qui en un éclair la sectionnent. Adieu rapala, thon ou dorade !?

 

19 juin : pétole et canicule.

Mer d'huile quasi toute la journée. Le vent s'oriente timidement à l'ouest (5-8 nds). Le moteur tourne à petit régime (1800 tours) pour ne consommer qu'un litre par heure.

Deux espadas encore pêchés cette nuit.

Denis nous a donné le feu vert pour virer, le manque de vent nous oblige à continuer au moteur. Il annonce peu de vent pour les jours à venir. Nous sommes pourvu en pain et poisson. Pas de problèmes.

 

 

18 juin : 561 miles de sta Maria.

Pleine lune quelque par au milieu de l'océan.

04H30 du mat : « RZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ » Ca mord ! Rémy est de quart, il lit à la lampe de poche un bouquin captivant, moi je suis dans les bras de Morphée, j'ai entendu le bruit mais n'ai pas analysé comme un problème sur le bateau, donc je replonge… mais Rémy m'appelle.

Dans la nuit, un grand éclair argenté nous rejoint à bord : un espada de 80 cm de long. Poisson des grands fonds à l'œil globuleux.

Pas sympa, mais trés bon !

Ouf ! Nous en avions marre des lardons, chorizo pour agrémenter les plats !  

Grande pétole dans la journée (8-11 nds de vent). Nous stoppons Nanydiesel le temps du repas.

Rémy se lance dans la boulangerie. Il oublie juste de mettre du sel !

L'immensité de l'océan nous enveloppe. La nuit nous avons l'impression de toucher l'infini : la voute céleste se reflète dans l'océan.

 

Ambiance honirique.

 

17 juin : dernière tomate, plus de pain !

La nuit fut bonne (15-20 nds) : pas besoin de se cramponner en dormant.

Nous sommes dans la « petite molle » promise par Denis depuis ce matin. Ca doit durer deux jours avant une bascule ouest.

Soleil au zénith.

Du coup, lessive et nettoyage du bateau sont enfin possible.

Toujours rien au bout de la ligne, le rapala scintille désespérément dans l'eau.

Nous sommes réfugié sous le petit taud complété par le drapeau normand, le soleil mord la peau dès que l'on s'expose.

Nous mettons le moteur une ou deux heure puis le vent revient.

  

16 juin : encore 724 miles à courir !

Difficile d'écrire. Je suis à croupi dans le cockpit : meilleur endroit pour se caler et éviter les vagues. Pourtant le vent a baissé par rapport à cette nuit. On marsouine ! Côté moral ça varie entre colère et envoutement.

J'ai réussi à cuisiner car Rémy nous a mis plus portant.

Nous alternons sur la couchette babord, la plus confortable, chaque déplacement dans le bateau demande beaucoup d'effort.

La mer n'en est pas moins magnifique.

Chaque nuit les poissons volant viennent se perdre sur le pont, Gratte Mi et Gratte Na sont contentes d'avoir des copains à bord trop petits pour être manger. Côté pêche, toujours rien.

 

14 juin : mer hachée !

Le vent se maintient (16-23 nds). La mer est peu confortable, pas mauvaise, mais deux houles se croisent.

La Mouette fait glisser son bidon rond sur les crêtes en escalier. Elle ne tape plus. Les vagues font plutôt de grandes claques sèches (si je puis dire) sur la coque.

Le pont est bien rincé, nous ne sommes pas pressés que la pluie vienne s'occuper des voiles.

 

13 juin : le pactole d'Eole.

« Incroyable, nous faisons du 3° ! » Rémy n'y croit pas. Et si pourtant, le vent a viré E-NE et nous faisons route directe. Ceci ne durera pas longtemps, mais notre cap s'est globalement nettement amélioré entre 345° et 3°. Nous sommes vendredi 13, c'est notre cagnotte !

Quelles grosses vagues viennent nous tremper le dos dans le cokpit, même pas le temps de les voir, 10 litres d'eau nous passent au dessus.

Nous passons le cap des 1000 miles et des 900 miles. Quelle moyenne !

Clair de lune magnifique. Vive le MP3 : musique capverdienne pour le sevrage en douceur et violoncelle pour la méditation.

Rémy dit qu'il se réveille en ayant mal aux poignets : « A force de dormir en se cramponnant ! »

 

12 juin : le pied… marin.

Nous avons fait 120 miles en 24 heures, pas dans la meilleure direction mais tout de même.

Nous avons pu faire nos tartines ce matin, malgré les coups de buttoir que font les vagues.

Nous avons déroulé le génois en entier au cours de la journée et la fin de l'après midi, nous marchons à 5.5 nds au 320 tribord amure. Denis nous a demandé de rester tribord amure jusqu'à nouvel ordre.

Petits légumes aux lardons pour le repas du soir.

La nuit s'annonce calme. Touchons du bois !

 

 

11 juin : difficile de larguer les amarres.

Le bateau est paré à partir mais pas nous encore, je veux dire que le cœur n'y est pas… Depuis fin janvier que nous sommes au Cap Vert, nous avons l'impression d'à peine connaitre ce pays, sa population, sa culture. Mais tout va nous manqué.

Hier, nous avons commencé nos « au revoir »  :

Chico, le chien de Palmeira qui a toujours le sourire.

La boulangère de Palmeira, toujours souriante et le regard bleu pétillant.

Son mari, vendeur de gaz, à qui nous souhaitons une bonne santé.

Josiane et Michel sont revenus de Dakar, chacun son bateau. Arrivés à la voile, entre bateaux, épaves.. Alain les aident.

Au cybercafé, les choupinettes nous regardent bloguer.

 

Ce matin, nous retournons encore à terre pour une dernière douche "civilisée", quelques achats alimentaires et autres souvenirs pour nos proches.

 

 

Animation sur le « poun't »,

une grosse carcasse (comme un veau) est en train d'être mise en pièces par des mains expertes, les femmes regardent. Poisson ou viande ? De prime abord, nous ne savons pas. Le sang sur le quai et la taille de la bête me font penser à de la viande.

Puis, à côté du pêcheur, deux petits yeux semblent encore nous regarder : des requins !

 

Nous passons faire un coucou sur Nouk II, Kti et Alain, nous accueillent chaleureusement comme d'habitude.

 

Happy hour à toutes heures.

Au revoir les marins, à un de ces jours sur l'eau. Profitez bien du Cap Vert comme l'an passé !

 

Un drôle de déchargement sur le quai du port de commerce : un magnifique taureau.

 

Nous décollons vers 14 heures, voici les indications du GPS… entre 15 et 21 jours de navigation.

Denis nous a envoyé un dernier message confirmant son feu vert. Nous resterons en contact avec lui via le téléphone satellite qui permet de recevoir des mails. Ses conseils seront précieux et très étayés, en voici un aperçu.

Salut les lions de mer et bêtes de près

dernier point avant départ

On confirme ce qui a été dit

11 juin 15h UTC environ 20 nd NE çà va rester comme çà pour la nuit

12 juin environ 15 Nd le matin N NE

Environ 15 Nd AM NE

petite mole le 12 au soir 10 Nd Ne a voir au niveau de la direction mais çà tournera autour du même secteur

13 juin autour du 26°nord c'est du NE bien franc à partir de 12h00 UTC faudrait bien suivre le vent vers la route directe mais je confirme et persiste sur le fait de rester à gauche du plan d'eau ce qui permettra de passer au plus court de la dorsale qui nous coupe la route mais on verra plus tard..

13 Juin en fonction de la route faite et la position en latitude 15h UTC c'est de l'est

ya du mou à suivre avec la dorsale pour le moment on va voir ce qu'elle va faire mais de toute façon je pense qui faudra la couper et le vent est tordu dedans

pas d'inquiétude si le baro baisse la dépression est plus nord et il devrait baisser jusque 1014 / 1015

A demain pour la suite

bon début de route

 

Quelques zigzags entre les bateaux, un dernier salut avec le drapeau normand et le génois en tête.

Nous attaquons tout de suite prés serré, enfin ça fait du 60° du vent pour La Mouette. Vent entre 20 et 25 nds, houle franche, mais n'excédant pas 3 mètres. Deux ris, génois et notre tourmentin qui fait des miracles. Rémy ne descend pas trop à l'intérieur du boat, soyons prudents. Tout de même on devient « loup de mer », pas de vomissure, rien !

Nous établissons les quarts de nuit. Nath commence jusqu'à minuit et demi, elle fera aussi le lever du jour (03h-06h), mais sans voir le soleil à travers les nuages. Trop épais. J'oubliais la pêche ne donne rien, c'est l'habitude.



02/07/2008
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